En Bateau, Édouard Manet - 1874 |
conservé au Metropolitan Museum of Art de New-York |
Le tableau représente un homme et une femme dans un canot. Le cadrage rapproché, et en légère plongée, isole les deux personnages sur l'eau, en effaçant le paysage de l'arrière-plan. Il coupe le canot pour n'en montrer que sa partie arrière, un banc traversant restant visible sur la partie inférieure droite du cadre. Au premier plan, la femme, accoudée sur le rebord du canot et allongée perpendiculairement à l'axe de celui-ci, présente son profil droit. Elle est en partie coupée par le bas du cadre, et par le banc qui masque le bas de son corps. La bouche entrouverte, elle regarde droit devant elle. L'homme, au centre de la composition, est assis à l'arrière de l'embarcation ; d'un regard en coin, il semble fixer le peintre, ou le spectateur qui se situerait un peu à gauche de l'axe central de la toile. La femme porte un chapeau blanc à ruban noir. Une voilette lui tombe sous le nez, pour la protéger du soleil. Elle a une boucle d'oreille. Sa robe à rayures verticales bleu violacé et blanches est maintenue au-dessus de la taille par une ceinture marron à boucle. L'homme, au milieu de la toile, porte un canotier de paille jaune, orné d'un ruban bleu. Il a les cheveux noirs, et arbore une épaisse moustache blonde qui lui tombe de chaque côté de la bouche. Il est vêtu d'un simple maillot blanc à manches courtes, qui laisse ses bras nus, et d'un pantalon de toile, également blanc. Le soleil rend cette blancheur éclatante dans le dos, tandis que des gris figurant les ombres sont placés sur le devant du maillot et l'intérieur de la jambe gauche. En position assise, il a le buste légèrement tourné vers sa gauche. Il tient la barre de la main gauche, l'avant-bras reposant sur celle-ci. Son bras droit est posé sur sa jambe opposée, allongée dans le canot. Ses pieds ne sont pas visibles, cachés par la femme du premier plan. Le canot, dont les pièces de bois ajustées sont représentées par des nuances de brun, est représenté selon un axe oblique par rapport à la toile, et semble se poursuivre vers le côté inférieur droit, en avant du cadre. À droite, posées sur le rebord qui court tout autour de l'intérieur de la coque, on distingue des formes blanches et grises, figurées par des coups de pinceau hâtifs : s'agit-il de gants d'aviron que l'homme a quittés quand le vent s'est levé, ou de poissons qu'il a pêchés ? Si l'homme se contente d'être à la barre, et n'est pas assis sur le banc en train de ramer, c'est que le vent s'est vraisemblablement levé, comme en témoigne la dame de nage, libre, en bas à gauche de la toile, ainsi que la voile qui coupe l'angle supérieur droit. La bôme, dont l'extrémité touche presque le bord supérieur du cadre, est reliée à la coque par une corde tressée qui dessine une oblique à droite. L'eau seule occupe le reste de la toile : elle est d'un bleu éclatant, et n'est animée que par de calmes remous figurés, dans les deux premiers tiers inférieurs, par des lignes sinueuses plus foncées, et des rehauts de blanc. Le tiers supérieur en revanche est plus uni, ce qui efface l'impression de mouvement de l'eau et de profondeur. |