jeudi 12 janvier 2017

Bougival, André Derain (1880-1954)

Bougival, André Derain (1880-1954)
 
 
 
 
 
Bougival, André Derain - 1904
 

Autodidacte, André Derain (1880-1954) s'initie à la peinture auprès d'un ami de Cézanne du nom de Jacomin. Fréquentant régulièrement les musées, il fait la connaissance de Matisse. À partir de 1895, il travaille sur le paysage à Chatou et dans la campagne environnante. Vlaminck devient un ami et un allié dans le combat qu'il décide de mener afin de se libérer des formules impressionnistes. Les deux artistes cherchent à produire une peinture de « transposition » construite par la couleur. De retour du service militaire, en 1904, Derain s'engage dans une voie nouvelle, soutenu par Vlaminck avec lequel il expérimente l'utilisation de couleurs pures.

Rompant avec l'équilibre des paysages exécutés à Chatou, Derain peint ce paysage des bords de Seine dans le village voisin de Bougival. C'est ici la lumière, désormais portée par la stridence des couleurs, qui construit l'espace du tableau. La ligne d'horizon, rejetée tout en haut de la toile, renforce cette impression et affirme la planéité de la surface picturale. Si le premier plan ne s'éloigne pas totalement de la réalité du motif, l'explosion volubile des bleus et des rouges qui occupent la partie supérieure annonce à elle seule le scandale de la « cage aux Fauves » au Salon d'automne de 1905.

Cette même année, André Derain est présent pour la première fois au Salon des Indépendants, avec huit toiles dont Bougival et Le Vieil arbre (Paris, musée national d'Art moderne). Vlaminck, qui expose à ses côtés, évoque dans ses souvenirs l'épisode de l'acquisition de leurs œuvres par un collectionneur havrais. L'acquéreur était Ernest Siegfried, le beau-père d'Olivier Senn, qui, ne reconnaissant pas les goûts de son gendre pour les « impressionnistes », terme qualifiant à l'époque l'ensemble des peintres d'avant-garde, avait cherché par ce présent à se moquer de lui. Olivier Senn se dessaisira du Vieil arbre de Derain et des toiles de Vlaminck, mais conservera toujours cette œuvre résolument fauve.

Source : MUMA Le Havre