samedi 27 août 2016

Après le Bain, Femme s'essuyant, Edgar Degas

Après le Bain, Femme s'essuyant, Edgar Degas
 
 
 
 
 
Après le Bain, Femme s'essuyant, pastel d'Edgar Degas - 1884-1886
Musée d'art moderne, André Malraux, Le Havre
 
 

C'est en 1908, lors d'une vente aux enchères à Paris, que le collectionneur havrais Olivier Senn achète son premier pastel d'Edgar Degas (1834-1917), une femme à sa toilette. À cette époque, les œuvres de cet artiste qui se tient à l'écart du monde sont déjà rares sur le marché et se négocient à des prix très élevés.

À la mort de Degas, son fonds d'atelier est dispersé en quatre vacations. Véritable événement, ces ventes publiques attirent les plus grands collectionneurs français et étrangers. Olivier Senn, qui ne veut en aucun cas manquer l'occasion, se présente dès le premier jour de la première vente, le 6 mai 1918, où il emporte un ensemble très conséquent de quarante-six dessins. Il se fait représenter lors des ventes suivantes, non sans avoir donné des ordres d'achat très précis. C'est dans ces conditions qu'il obtient ce pastel, l'une des transactions les plus élevées de la seconde vente. Enlevée pour 26 000 francs, cette œuvre est sans doute l'un des chefs-d'œuvre de la collection d'Olivier Senn.

Degas exécute ses premiers pastels de femmes à leur toilette vers 1876-1877. Il en produit encore un grand nombre au cours des années 1880 et en expose sept lors de la huitième et dernière exposition impressionniste en 1886. Cette série, intitulée « Suite de nus de femmes se baignant, se lavant, se séchant, s'essuyant, se peignant ou se faisant peigner », suscite de vives critiques et alimente la polémique sur la misogynie de son auteur.

Saisies dans l'intimité de leur chambre, comme à leur insu, les femmes s'adonnent à leur toilette. L'artiste les représente accroupies dans leur tub (une grande bassine plate), se rinçant, se redressant, s'essuyant assises sur une chaise ou un fauteuil... Les gestes sans maniérisme sont mis en valeur par les vues en surplomb et les cadrages tronqués que le peintre multiplie d'un dessin à l'autre.

Dans notre pastel, la jeune femme de trois quarts dos, au visage penché caché par son bras droit levé, s'essuie la nuque à l'aide d'une serviette. Elle est assise sur une méridienne dont on aperçoit le dossier couvert de tissu mauve et outremer, et devant une baignoire que l'on devine à l'arrière-plan à gauche. Le cadrage assez resserré met en valeur le corps tout en tension de la jeune femme, le bras gauche rejeté vers l'arrière, presque dans l'axe du bras droit tendu en avant.

D'emblée, le dessin intrigue par sa complexité. Deux éléments surtout retiennent l'attention : d'une part la longue pliure du papier en haut à droite, sorte de cicatrice qui partage l'œuvre en deux parties traitées de manière très différente, d'autre part le travail même du pastel, poudreux sur un papier grumeleux d'un côté, lisse et poli à l'extrême de l'autre.

Source : Musée d'art moderne, André Malraux Le Havre