Le mont Cervin est une des montagnes les plus photographiées au monde, un mythe et un emblème pour les alpinistes, l'image de marque et le symbole de la Suisse.
Culminant à 4.478 m, par sa forme imposante et sa position isolée, le Cervin s'avère la définition même de la montagne. Il n'existe aucun autre sommet au monde dont la forme naturelle est une pyramide aussi parfaite.
Le Cervin est cité pour la première fois en 1581 sous le nom de "Mont Cervin", puis de "Monte Silvio" et "Monte Servino". Le mot allemand "Matterhorn" apparaît vers 1682. L'étymologie du nom vient probablement du mot "Matte", c'est-à-dire une plaine alluviale herbeuse aujourd'hui presque intégralement recouverte par le village de Zermatt ("zur Matt").
Depuis 1857, toutes les tentatives d’ascension du Cervin, la plupart par le versant italien, avaient échoué. En juillet 1865, Edward Whymper vient pour la sixième fois dans le Valtournenche. Pendant cinq étés, Whymper tente en vain de vaincre la montagne que l’on appelait ici la reine des Alpes et qu’on considérait invincible. Non en raison de sa hauteur (le Mont Rose juste à côté le dépasse de presque 170 mètres), mais à cause de sa pyramide rocheuse, trônant majestueusement sur son socle massif, effrayante et singulière, qui avait résisté à l’assaut de tous les conquérants. Chaque ascension ratée ne faisait que renforcer son invincibilité présumée, de sorte que même les guides locaux les plus expérimentés refusaient les offres généreuses de chefs d’expédition étrangers. Pourtant, le Britannique ne croit pas aux démons de la montagne, et son projet est guidé par des réflexions exemptes d’émotions. Après avoir étudié les livres d’Horace Bénédict de Saussure, il conclut qu’il ne faut pas attaquer la montagne par le versant italien au sud-ouest, mais faire le détour par l’arête nord-est, côté Suisse. Il ne faut pas partir de Breuil mais de Zermatt! Là où le Mont Cervin s’appelle Matterhorn. Lors de l’une de ses tentatives, Edward Whymper fait une chute de 60 mètres.
En 1862, John Tyndall et les guides Bennen, Anton Walter, Jean-Jacques et Jean-Antoine Carrel empruntent pour la première fois le versant sud-ouest, aujourd’hui baptisé Pic Tyndall. Il leur paraît impossible de continuer l’ascension par l’arête du Lion. Whymper considère lui aussi cette arête comme impraticable. Il tente alors de convaincre son ami Jean-Antoine Carrel de faire l’ascension en partant de Zermatt, mais celui-ci persiste à vouloir gravir la montagne par le côté italien. En juillet 1865, Whymper apprend par hasard par un restaurateur de Breuil que Carrel – sans en informer Whymper – est reparti pour l’arête du Lion. Déçu, il se précipite à Zermatt pour rassembler une équipe prête à tenter immédiatement l’ascension par l’arête du Hörnli.
Le 14 juillet 1865, la cordée de 7 alpinistes de Whymper réussit la première ascension. Le groupe gravit jusqu’à l’épaule par l’arête du Hörnli, puis rejoint la face nord, plus haut, là où se trouvent aujourd’hui les cordes fixes. Edward Whymper arrive le premier au sommet, suivi du guide Michel Croz (de Chamonix), du révérend Charles Hudson, de Lord Francis Douglas, du Dr Robert Hadow (tous Anglais) ainsi que des guides de Zermatt Peter Taugwalder père et Peter Taugwalder fils. Ils aperçoivent Carrel et son groupe au Pic Tyndall, bien loin en contrebas. Mais à la descente, les quatre premiers de cordée (Croz, Hadow, Hudson et Douglas) chutent bien avant d’atteindre l’"épaule", le long de la face nord. Trois alpinistes décédés sur quatre sont retrouvés quelques jours plus tard sur le glacier du Cervin, le corps de Lord Francis Douglas n’est jamais retrouvé.
Beaucoup d'alpinistes sont décédés sur le Cervin. On estime à 500 le nombre d'alpinistes ayant perdu la vie sur le Cervin. Chaque année, entre 300 à 400 personnes partent à la conquête de ce cime, accompagnées d'un guide de montagne, alors que 3.500 personnes tentent l'ascension sans l'aide d'un guide. Plus de 65 % d'entre elles abandonnent. La condition physique insuffisante et le vertige sont les deux raisons majeures. Souvent, la météo n'est pas des plus clémentes, le vent souffle fort (chute de température, orages). Air Zermatt (fondation en 1968) opère fréquemment des sorties pour aller sauver les alpinistes en détresse. Lorsque les conditions s’avèrent idéales, jusqu’à 300 alpinistes peuvent tenter l’ascension un même jour.
Depuis la fin des années 80, des cordes fixes sont installées sur le toit du Cervin, réduisant ainsi le nombre de morts. Au début de l’été, elles sont toujours soumises à contrôle et remises en état, le cas échéant. Nouveau défi de ces dernières années: la fonte du permafrost. Ce phénomène peut provoquer davantage de chutes de pierre sur les couloirs d’escalade.
Source : www.zermatt.ch/fr/Cervin |