mardi 1 octobre 2013

Berthe Morisot au bouquet de violettes, d'Edouard Manet

La guerre franco-prussienne et la Commune ont profondément marqué Edouard Manet.(voir la présentation de l'artiste dans un précédent article qui lui est consacré "Un bar aux Folies Bergère" jeudi 26 septembre 2013).

Resté à Paris, il a servi dans la garde nationale et son activité artistique s'en est trouvée inévitablement ralentie. A la fin de l'année 1871, il se remet à peindre et retrouve alors ses anciens modèles dont Berthe Morisot, jeune peintre avec qui il partage une amitié profonde et qui épousera l'un de ses frères quelques années plus tard.

Plutôt que d'utiliser un éclairage homogène, comme souvent dans ses portraits, Manet préfère ici projeter sur son modèle une lumière vive et latérale, si bien que Berthe Morisot ne semble être qu'ombre et lumière. Ici avec les yeux noirs, ils étaient en réalité verts, elle est habillée et coiffée de noir, sans doute la meilleure façon d'exalter cette beauté "espagnole" remarquée dès sa première apparition dans l'œuvre de Manet en 1869. Avec cette sublime variation sur le noir, Manet livre une nouvelle preuve de sa virtuosité. Mais peut-être donne-t-il également un avertissement à sa jeune disciple en lui rappelant l'étonnante puissance des noirs, alors qu'elle peignait de plus en plus clair et filait droit sur le chemin de l'impressionnisme.

Ce portrait étrange et envoûtant a rapidement été considéré par ses proches comme un des chefs-d'oeuvre du peintre. Paul Valéry en fait également l'éloge en 1932, dans sa préface au catalogue de la rétrospective de l'Orangerie. "Je ne mets rien", écrit-il, "dans l'œuvre de Manet, au-dessus d'un certain portrait de Berthe Morisot, daté de 1872". (extraits Musée d'Orsay - Paris).
 
 

Berthe Morisot au bouquet de violettes (1872)
Huile sur toile - L. 40 cm, H. 55 cm - Musée d'Orsay - Paris