Eugène Boudin vient peindre à Camaret-sur-Mer, petite commune de la presqu’île de Crozon en région Bretagne, chaque année de 1870 à 1873 et y fait ensuite quelques jours épisodiques. Il s’attache à rendre la lumière du port, son atmosphère nuageuse et mobile, fluide et changeante. Ici, la clarté des maisons violemment éclairées s’oppose à l’aspect sombre de la mer et des voiliers.
Fidèle au surnom de « roi des ciels » que lui a décerné Corot, Boudin réserve la plus grande place au ciel et aux nuages. L’artiste a d’ailleurs l’habitude d’étudier longuement ces éléments au pastel et il en parle dans ses carnets : « Nager dans le ciel ; arriver aux ‘tendresses’ du nuage. Suspendre ces masses au fond, bien lointaines dans la brume grise … ».
Une eau à peine ridée par la brise marine réfléchit la mouvance du ciel. Les reflets fugaces et flottants sont suggérés à l’aide d’une touche légère en une harmonie nuancée de tons gris, bleus et verts. Finalement, seule la présence des pêcheurs, dont les silhouettes se détachent en contre-jour, apportent un contrepoint à l’immensité des cieux.
Source : Musée d’Orsay, Jean-Gilles Berizzi |