L'ours brun dans les Pyrénées
Au début des années 1990, le gouvernement décide de lancer un programme visant à restaurer une population d’ours viable, c'est-à-dire suffisamment nombreuse, en introduisant dans les Pyrénées des ours bruns d'origine slovène, proches de la souche pyrénéenne sur le plan de leur patrimoine génétique et de leur mode de vie.
Entre mai 1996 et mai 1997, trois ours slovènes sont relâchés dans les Pyrénées centrales : deux femelles, Mellba et Ziva, en 1996 et un mâle, Pyros, en 1997. Les deux femelles étant gravides, elles donnent naissance à cinq oursons la même année. En 2006, cinq ours slovènes supplémentaires sont lâchés dont quatre femelles : Palouma, morte la même année, Francka, morte l'année suivante, Sarousse, qui semble stérile, et Hvala, qui a eu quatre portées pour 9 naissances en 7 ans, ainsi qu'un jeune mâle, Balou, ceci conformément au plan de restauration et de conservation de l'ours brun dans les Pyrénées françaises pour 2006-2009.
En 2011, 22 ours auraient été détectés dans l'ensemble des Pyrénées (françaises et espagnoles). En 2013, 25 ours sont détectés, soit 3 de plus qu'en 2012, et dans le même temps, les attaques de troupeaux ont diminué de 38 %. Le 17 avril 2014, une oursonne vivante est découverte près du village d'Aubert, dans le Val d'Aran, et nommée Auberta. Le 9 juin suivant, Balou est retrouvé mort sur les hauteurs de Melles, vraisemblablement victime d'une chute. En août 2014, la population d'ours est estimée à 30 individus dans tout le massif pyrénéen. Le 20 novembre suivant, l'oursonne Auberta, âgé de dix mois, est retrouvée morte à son tour.
Les perspectives d'avenir laisseraient penser que la population d'ours serait de 45 individus, tous noyaux confondus, en 2015-2016. Néanmoins actuellement, la population d'ours est trop faible et trop éparpillée dans le massif pour y espérer la survie de l'espèce dans la durée.
Après la mort très médiatisée de la dernière ourse de souche pyrénéenne, Cannelle, abattue par un chasseur le 1er novembre 2004, on assiste à une importante mobilisation autour des ours des Pyrénées, entre ceux qui désirent sa sauvegarde et ceux qui s'y opposent.
La présence de l'ours pose en effet des problèmes aux troupeaux qui n'appliquent pas des mesures de protection idoines (regroupement nocturne, présence de patous, présence de bergers), créant ainsi des tensions avec certains éleveurs.
Le nombre d'attaques ou de comportements agressifs est très faible, ce n'est donc pas lui qui est directement responsable de l'impopularité de l'ours. C'est principalement les attaques sur les animaux domestiques qui jouent en sa défaveur. Dans son rapport de 2014, l'ONCFS a recensée 1 attaque sur 1 rucher et 127 attaques sur des troupeaux qui ont tué 178 animaux. Bien que le nombre de brebis tuées dans les Pyrénées par les ours représente moins de 2 % de la mortalité domestique (maladies, foudres, accidents...), ces chiffres sont à relativiser. Chaque animal mort est indemnisé par l'Etat, mais les bergers sont souvent en colère pour plusieurs raisons. Une attaque d'ours ne se limite pas aux ovins tués. En effet, l'attaque traumatise le troupeau, les bêtes blessées doivent être euthanasiées et d'autres brebis interrompent leurs gestations et avortent. La lactation des bêtes et donc la production de fromage est aussi interrompue pendant plusieurs jours. L'ensemble de ces facteurs conduit à un manque à gagner pour les bergers. Selon ces derniers, les politiques d'indemnisation des éleveurs d'ovins ne seraient pas à la hauteur des conséquences pour leurs troupeaux.
La question qui se pose aujourd'hui n'est donc plus de savoir si on peut sauver l'ours des Pyrénées, mais plutôt de savoir si nous avons la volonté de cohabiter avec un grand prédateur dans les Pyrénées. Comme pour les requins bouledogues ou les requins tigres à la Réunion, la présence de l'ours dans les Pyrénées nous confronte à un choix de société avec la question de "s'adapter à son environnement" ou "d'adapter son environnement". L'ours semble donc poser pour notre environnement inter-espèces, le même challenge que pour notre société multiculturelle, la question du : "Vivre ensemble".
Sources : Wikipedia, autres sources |